mercredi 7 septembre 2016

Mots d'auteurs : Pierre Léauté


Je remercie Pierre Léauté pour avoir accepté de répondre à mes questions et d'inaugurer la nouvelle rubrique de ce blog : mots d'auteurs.
J'ai eu le plaisir de lire et de chroniquer ses romans (Morts aux grands ! Guerre aux grands ! et Rouge vertical) ce qui m'a donné matière à beaucoup de questions 

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Guerre aux grands, Pierre Léauté
1. Sur ton blog, tu nous parles avec humour de Mort aux grands comme d'une « farce potache ». Termes que nous n’irons pas répéter à un certain Augustin Petit, n’est-ce pas ? Justement, cette farce, comment a-t-elle débuté ? Tu t’es levé un bon matin, et, entre le café et la douche, tu as eu l’illumination ? Dis-nous tout !

L'idée originelle est partie d'une blague avec des amis dont la taille culmine plus haut que le Mont Blanc ! Et puis, le sujet était clivant, c'était l'occasion d'écrire une uchronie différente, à la fois mordante et impertinente qui se moquerait à la fois des racistes que des acharnés du patriotisme. Montrer que nous ne sommes pas à l'abri des dérives nationalistes... Etre français, pour moi, c'est être râleur, de mauvaise foi, chauvin, hableur... Augustin Petit, le héros de Mort aux grands !, était parfait pour incarner tout cela à la fois !



Mort aux grands - Pierre Léauté
2. Comment s’est passée l’écriture du dyptique Mort aux grands et Guerre aux grands ? As-tu procédé d’une manière différente d’un tome à l’autre ?

Oui, l'écriture a été plus instinctive sur le premier volet. Hormis un chapitre sabré à cause d'un manque de rythme, il y a eu peu de retouches sur celui-ci. Mort aux grands ! était prévu comme un one-shot à l'origine, mais la nécessité d'une suite s'est vite imposée car le personnage d'Augustin Petit avait beaucoup encore à offrir ! Dans leur structure, les deux opus marquent à la fois les grandes étapes de la montée, puis de la chute d'un régime totalitaire, mais aussi la construction d'une famille par Augustin et la destruction de celle-ci.

3. On dit qu’on n’écrit jamais un second roman comme un premier. Les attentes et l’expérience ne sont pas les mêmes. Qu’as-tu ressenti en écrivant la suite de Mort aux grands ? Avais-tu une plus grande pression sur les épaules ?

Oui, je ne voulais pas décevoir ceux qui avaient aimé Mort aux grands ! J'ai donc passé plus de six mois dessus. Une raison supplémentaire explique ce délai... J'aborde dans Guerre aux grands ! des thèmes plus que sombres qui ne riment pas d'ordinaire avec le rire... Il m'a fallu du temps notamment sur le chapitre évoquant les camps de concentration. Je ne voulais ni esquiver, ni sombrer dans le douteux. Au final, je suis fier de ce deuxième volet, surtout de la petite postface que m'a gentiment offerte Pierre Bellemare.

Bannière : Les Temps Assassins (Voir Chronique du Tome 1)

4. Parlons maintenant de Rouge vertical, l’excellent premier tome de ta trilogie : Les temps assassins. C’est un projet ambitieux qui mêle à la fois l’Uchronie et la Fantasy. Outre le fait que j’avais été véritablement séduite par ma lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de me montrer admirative devant le travail accompli. Tu avais un objectif en tête dès le début de ce projet ? Comment as-tu réussi à conserver ta motivation ?

Merci pour les compliments ! Je savais que j'avais depuis longtemps en moi une histoire sur le voyage dans le temps qu'il me fallait « sortir ». Mais impossible de l'accoucher plus tôt ! J'ai attendu mes trente ans quasiment pour l'attaquer. La réalisation a été difficile cependant, et ma compagne m'a véritablement soutenu tout au long du processus. Quand j'aurai achevé les trois tomes, j'aurai passé six ou sept ans exclusivement dessus.

5. Il y a énormément de références historiques dans Rouge Vertical. Comment as-tu effectué tes recherches ? Suis-tu une méthode bien précise pour chaque tome ?

Pour mes recherches, je tends avant tout à «cadrer » l'action plutôt qu'à la remplir de détails historiques inutiles. Mon approche est surtout cinématographique, je crée des espèces de « story-boards mentaux » pour visualiser les scènes du livre et les lier entre elles. Je ne peux pas encore dévoiler lequel, mais les trois tomes offriront à terme un exercice de style assez complexe mais jouissif à mettre en place.

Photo prise par Le peuple de Mü (éditeur)
6. Concernant l’écriture à proprement parler, comment as-tu procédé ? Corriges-tu au fur et à mesure ou bien une fois le premier jet achevé ? T’imposes-tu un rythme d’écriture ? Combien de temps cela t’a-t-il pris ?

J'ai établi une trame générale pour neuf livres à l'origine. Le projet initial constituait trois trilogies, ce qui, en soit, était irréaliste pour plusieurs raisons évidentes ! J'ai affiné ensuite le projet au fur et à mesure de l'écriture du premier volet. Le personnage de Milady de Winter a réclamé beaucoup de recherches autant historiques que psychologiques. J'aime établir un profilage des personnages avant toute chose.
J'écris environ 2000 mots par semaine, ce qui est très lent, je le concède volontiers. Passer un an et demi sur un seul ouvrage ne m'effraie pas, mais l'aventure doit en valoir la chandelle ! Le premier volet des temps assassins a nécessité trois ans de travail, avec quatre réécritures plus ou moins lourdes.

7. En parallèle, tu écris des nouvelles. Ce n’est pas trop dur de passer d’un univers à l’autre ? Est-ce que ça te demande un temps d’adaptation ou est-ce que tu le vois comme une pause bienvenue ?

Ecrire des nouvelles exige un temps de préparation assez important également. Ce sont des mini-romans ! La dernière en date imagine que l'on fasse rejouer la demi-finale France-RFA de 1982... De l'uchronie sportive !
J'espère publier un recueil de nouvelles, mais je vais peut-être repousser ce projet car le fil directeur qui lie ces textes est trop ténu. Je préfère attendre un peu avant de proposer quelque chose d'inabouti.

8. Même si ce n’est pas mon cas, je sais que certains auteurs ont des rituels (écrire à une certaine heure, dans un certain endroit) es-tu concerné ? Si oui, peux-tu nous en dire davantage ?

Les rituels sont contraignants et, à mon sens, peuvent tourner à la superstition. Je peux écrire dans le train, dans ma bibliothèque, sur un bout de papier dans la voiture, entre deux cours... Qu'importe, si j'ai mes écouteurs ! OK, ça c'est un rituel.

9. « C'est la beauté de l'écriture que de transcender ces longs mois de solitude et de peine en quelques instants de pure magie ! » nous dis-tu sur ton site. Écrire peut être en effet long et fastidieux. Y a-t-il des choses qui te bloquent lorsque tu es devant ta page ?

Non, je ne connais pas le fameux blocage de la page blanche... Je rumine longtemps dans ma tête le scénario et quand je me lance, les morceaux du puzzle commencent à s'imbriquer comme par magie ! Si je suis bloqué, c'est qu'il est temps d'aller me coucher ! Ou que je me suis trop bien piégé moi-même ! Par contre, il est vrai que j'écris lentement, j'aime soupeser chaque mot, chaque phrase pour que la mélodie de l'écriture plaise autant aux yeux qu'à l'oreille.

10. Quel est ton rêve le plus fou en tant qu’auteur ?

Collaborer au scénario du film tiré des Temps assassins ! Et quelqu'un comme Denis Villeneuve (réalisateur de prisoners et sicario) aux manettes... Franchement, mon rêve le plus fou ? Qu'on me laisse écrire encore un bon demi-siècle... J'ai quelques histoires sympathiques en réserve !


2 commentaires:

  1. Merci pour cette interview, tous les deux ! Des questions intelligentes et des réponses qui le sont tout autant, ça fait envie de lire Rouge vertical... et d'écrire !

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    1. Ravie que l'article t'ait plu :) Il y en aura d'autres dans ce format !

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